Histoire

Le moulin est propriété de la commune d’Amilly depuis 2010. L’association ASAMB’A, créée en 2016 a pour mission son entretien et son animation.

L’activité de production a cessé en 1972 avec l’arrêt d’activité du dernier meunier, Paul Henri Guitard.

Le bâtiment a été construit en 1860, comme indiqué sur une pierre d’un linteau sur la façade, et confirmé par les matrices du cadastre.

Il est bâti sur le site d’autres moulins plus anciens, qui portaient le nom de moulin Bardin depuis environ 1505.

Chronologie de 500 ans d’histoire

  • 1505 : mention écrite du moulin sous le nom de moulin Pollemier appartenant à Pierre Bardin.
  • 1550 : le moulin a pris le nom de moulin Bardin ; il comprend deux moulins : un moulin à blé et un moulin à tan, proche l’un de l’autre et sur la rive gauche du Loing.
  • 1605 – 1642 : la construction du canal de Briare, passant dans la cour du moulin, modifie le paysage ; la maison du meunier est reconstruite sur l’autre rive du canal. Le meunier traverse par un pont-levis.
  • 1824 : Le moulin à tan est détruit.
  • 1830 : le canal est élargi ; on le traverse par un pont tournant. 
  • 1860 : le moulin actuel est construit à l’emplacement de l’ancien moulin à Blé ; le bâtiment et tout le système de transmission sont encore en place aujourd’hui.
  • 1885 : nouveau gabarit du canal ; un pont et une passerelle sont installés.
  • 1919 : le moulin est acheté par le meunier Guitard ; le matériel de mouture est progressivement modernisé
  • 1972 : fin d’activité du moulin.
  • 1991 : le site est inscrit à l’inventaire des monuments historiques.
  • 2016 : La ville d’Amilly, propriétaire engage un projet de restauration
  • Une association est créée pour faire revivre le moulin Bardin

Le nom du moulin Bardin

Le site du moulin, sur le Loing, est aménagé depuis probablement le haut Moyen-âge.

Des moulins se sont succédé, dont en 1505 le moulin Pollemier, appartenant à Pierre Bardin. La famille Bardin est une famille de notables de Montargis, plusieurs membres furent échevins ou gouverneurs de Montargis au 16e siècle.

Le moulin est transmis de Pierre à Jean et Pierre Bardin, ses fils, tous deux avocats. C’est en 1550 qu’on trouve la première mention du « moulin Bardin et d’ancienneté le moulin Pollemier ».

Le moulin passera aux descendants, les Saiget, puis les Lecellier, eux aussi échevins de Montargis à plusieurs reprises à la fin du 16e siècle.

Féodalité

Jusqu’à la révolution, le moulin Bardin, comme les autres moulins, dépend du système féodal ; ses droits seigneuriaux sont détenus par une petite seigneurie dépendant d’une plus grosse ; le bâtiment est loué à court terme à un meunier par son propriétaire qui loue les droits à long terme.

C’est ainsi qu’en 1537, le moulin à blé existant ici « tenu et mouvant » du prieuré Sainte Catherine de Marcy à Pannes, lui-même dépendant du prieuré de Notre Dame de Flotin à Nibelle, est donné à bail par Jehan Bardin, son propriétaire à Antoine Couldroy, meunier.

À la même période, le moulin à tan, également propriété de Jehan Bardin, dépend du couvent Saint-Dominique de Montargis.

À partir du 17e siècle, la propriété et les droits seigneuriaux appartiennent à la même personne (Henri de Birat, seigneur de la Chize, puis les Seigneurs du canal).

Exemple en 1537 :

Antoine Couldroy, meunier, loue le moulin pour quelques années, à Jehan Bardin. Ce propriétaire du bâtiment loue à long terme les droits seigneuriaux du moulin au Prieur du prieuré Sainte-Catherine de Marcy à Pannes Seigneur du lieu qui dépend du Prieur du prieuré de Notre-Dame de Flotin à Nibelle

La roue était entraînée par le Loing

Le Loing mesure 143 km, il prend sa source à Sainte-Colombe-sur-Loing en Puisaye et se jette dans la Seine à Saint-Mammès.

L’eau coule dans un bief aménagé parallèlement au Loing. Ici, le Loing est partagé en deux bras ; le meunier de ce moulin devait partager l’eau avec le meunier du moulin Charrier, situé de l’autre côté de la vallée.

Droit de pêche :

Dans plusieurs baux anciens du 18e siècle, le meunier à droit de pêche dans le bief en amont du moulin ; dans le règlement du loyer, il est compris plusieurs douzaines d’anguille, et d’autres sont vendues à Montargis. La pêche de ce poisson avec des nasses était encore commune après 1950.

Le moulin et le canal

Jusqu’au 16e siècle, deux moulins tournaient à cet emplacement, un moulin à blé, à la même place qu’aujourd’hui, un moulin à tan, sur la rive gauche du bief ; à proximité était la maison du meunier.

(Le moulin à tan permettait grâce à des pilons actionnés par un arbre à cames de réduire en poudre de l’écorce de chêne pour obtenir le tan nécessaire à la fabrication du cuir ou tannerie, activité importante à Montargis.)

En 1638, après une période d’interruption de 27 ans, les travaux de construction du canal de Briare reprennent, pour la réalisation des derniers kilomètres, de Montbouy à Montargis.

Les moulins et la maison du meunier sont achetés en 1639 par les seigneurs du canal (la compagnie des Seigneurs du canal de Loire en Seine). Il est précisé sur l’acte que les acheteurs « pourront faire passer le canal au travers de la cour, desmolir la maison où est le meunier et partie du moulin à tan ».

Le canal creusé à l’époque mesure quelques mètres de large, la moitié d’aujourd’hui et sa profondeur est d’1,20 m. Le site est modifié ; la maison du meunier est reconstruite sur la rive opposée de celle du moulin et un pont levis est installé un peu en amont de l’emplacement de la passerelle pour permettre au meunier de circuler, avec pour lui la contrainte de le laisser lever pour que la voie soit libre.

En 1830, la loi de modernisation des voies navigables Becquey impose de nouvelles modifications ; le canal est recreusé pour une profondeur de 1,60 m et probablement élargi. Le moulin à tan, encore présent sur le cadastre en 1824, disparaît.

Le pont levis est remplacé par un pont tournant, lui aussi manœuvré par le meunier.

En 1885, nouveau changement, les voies d’eau adoptent le gabarit Freycinet : la profondeur passe à 2,20 m et le canal est encore élargi. Un pont métallique est construit à quelques dizaines de mètres du site et une passerelle de même nature est installée entre le moulin et la maison du meunier.

Les céréales, graines à farine

Au 20e siècle, après la première guerre, l’évolution des techniques agricoles permet presque partout la culture du froment, aujourd’hui le blé tendre, pour la production de farine de la très grande majorité des pains ; la dernière production du moulin Bardin était de la farine de froment type 55.

Au 19e siècle, on cultivait un nombre de céréales beaucoup plus varié ; les céréales réservées à l’alimentation humaine étaient principalement le seigle, le méteil c’est à dire un mélange de proportion variable entre le seigle et le froment et cultivés ensemble, et le froment pur plutôt rare et réservé aux meilleures terres. Ces trois céréales étaient qualifiées de blé ou bled et on avait ainsi le blé froment, le blé méteil et le blé seigle.

Dans les moulins, on écrasait d’autres céréales dites secondaires pour l’alimentation animale, l’orge, l’avoine et au 20e siècle le triticale (c’est à dire un croisement entre le seigle et le froment).

D’autres céréales furent utilisées régionalement et sur des périodes limitées : l’épeautre (froment très ancien), le sarrasin ou blé noir (qui est bien une céréale c’est à dire une graine à farine mais d’une famille botanique différente, polygonacées, celle des épinards).

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